A L’AURORE La conjuration des jardins (54) samedi 3 avril 2021 à 6 heures du matin, Besançon

Accuueilis par ces vers de Rimbaud « Et à l’aurore, armés d’une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes », nous sommes nombreux et silencieux sur cette grand place. Nous jouons la mort du théâtre pour aller vers des lendemains qui chantent. C’est le lever du couvre feu, nous sommes vêtus de noir, nous suivons un groupe de marcheurs qui portent un siège rouge de théâtre en vue de le brûler. On écrit sur le sol des phrases poétiques qui commencent toutes par « à l’aurore nous … et une voix enivrante rythme la marche par une mélopée d’un autre âge; Notre marche est lente, nous restons à distance les uns des autres rarement interrompus par des voitures de nettoyage qui nous évitent.  Nos regards doivent être lumineux et fiers, nos corps tenus, denses et présents, notre conviction, profonde et entière.
Nous marchons lentement au rythme de la voix qui s’élève, de rares fenêtre en cette heure matinale sont déjà éclairées. La police aux aguets ne nous interrompt pas rendue complice de cette cérémonie insolite. Nos regards restent fixés sur l’horizon.

MONTRE MOI CE QUE TU AS DANS LE VENTRE (53) Compagnie Les Hydres, Studio des 3 Oranges Audincourt 23 février

C’est aussi une répétition élaborée par Rachi Afsahi, Juliette Wierziki et Dorothée Malfoy Noël. On entend des hurlements sur une musique haletante pour ce voyage à l’intérieur d’un ventre. « l’expérience fort agréable avec mon ventre, c’est quand j’ai pris du LSD, j’ai eu des orgasmes toute la soirée. »

Les trois actrices rampent sur le sol, l’une crie et tire une corde. «  Je me crois en enfer et donc j’y suis ! »
Sur une musique haletante, elles déambulent hystériques près d’un amas de gros tuyaux. On rampe à l’intérieur, serait ce un ver de terre ? On aperçoit une main, ça bouge lentement, une forme humaine en surgit, se met debout. « Comment allez-vous ? » La femme araignée retrouve sa forme.Une forme impressionnante encore en cours d’élaboration.
Ce spectacle doit être présenté 2 semaines à la Générale à Paris et à Anis Gras Arcueil.

UNE SAISON EN ENFER (52)Studio des 3 Oranges Audincourt 15 et 16 février 2021

Répétition du Théâtre de l’Unité avec Jacques Livchine Marie Leila Sekri, Faustine Tournan et Lucile Tanoh

les 3 actrices défilent au son d’une musique frémissante,elles hurlent. Pour Jacques c’est difficile de trouver l’énergie vitale de Rimbaud. Il faut trouver un accord avec la musique. « Elle est retrouvée, quoi l’éternité, c’est la mer mêlée au soleil ».
On aménage l’espace. 1873, Rimbaud a 18 ans, les voyelles en couleur. « Je devins un opéra fabuleux (…) ainsi, j’ai aimé un porc… »
La vérité, on la trouve sur les routes ou dans la religion !
Nuit de l’enfer : les 3 actrices rampent, l’une crie et tire une corde, « je me crois en enfer et donc j’y suis ! ». Hurlements, prostrations, musique haletante, les trois filles défilent hystériques.

« Je suis né à l’âge de 17 ans. Ce texte je le porte comme un diable à l’intérieur de mon corps ! ». Les 3 actrices se drapent dans des tissus en mâchant le poème, elles se retrouvent aux pieds de Jacques et terminent sur une danse échevelée.
Une obsession, un spectacle en cours d’élaboration jamais terminé au fil des lectures obsédantes de ce texte de Rimbaud mâchées chaque jour jusqu’à l’obsession..

LE BAL DU NOUVEAU MONDE, CHRONIQUES DE LA GRANDE PRECARITE, crash test du Ring Théâtre (51) Studio des 3 Oranges Audincourt 8 et 9 février 2021

Guillaume Fulconis formé au conservatoire de Grenoble, puis à l’Ensat dirige le Ring Théâtre. Il est en train d’élaborer ce spectacle avec 8 comédiens en enchaînant trois courtes histoires issues d’improvisations. « C’est le grand jour du retour à la terre (…), il faut travailler les ruptures de jeu (…) La scène se déroule en 1981 La Banque Centrale Européenne a été incendiée il y 60 ans. Il faut se battre pour les fleurs des champs… ».
-Les personnages se présentent: Audrey conseiller en insertion, Kantor pêcheur, Lény maraîcher, Julien viticulteur, Amélie accompagnante à la mort…
A la sortie d’une ville, 40 hectares sont à l’abandon, une zone sans nom. On décrit les différents terrains, on en fait l’éloge funèbre. Le comédien appelé à lire pleure, il transmet l’éloge à sa voisine qui rappelle en pleurant ses grands parents. On disperse les cendres sur un chant collectif. La poste est dévalorisée. Léna un maraîcher du début du XXIe siècle, fait mine de se pendre, une femme intervient se fâche : « On nous fait crever comme des chiens. Pauvres paysans, ils vont tout détruire pour construire un quartier écologique ! ». Il va se pendre, elle l’en empêche en lui apportant une lettre.
On apporte une table, dans une usine, les habitants sont réunis. Un homme apporte une plante, il est revêtu d’une écharpe tricolore, il expose son projet sur l’éco quartier: « Notre petite ville, il faut qu’elle se montre plus attractive, elle va attirer les investisseurs ! » On le chasse.
Episode 3 : 1) artificialisation des terres
2)Monde ouvrier
3) Un petit morceau

Rosa Fine réussit à aborder ce monde avec enthousiasme : « Il ne va pas bien le monde, le problème c’est de savoir si tu es à la bonne place. Servir, protéger, vous êtes la république.
J’étais plutôt bien placée en sortant de l’école de police. Là où il faut aller, c’est dans la section d’élite ! Notre doctrine du maintien de l’ordre est dépassée. »

Ce Bal du nouveau monde, toujours en cours d’élaboration, sera présenté chez les coproducteurs, le Granit de Belfort, le Théâtre Municipal de Bourg en Bresse, la Maison de la Culture de Nevers, aux Eclats de rue à Caen, au CDN de Besançon, au Théâtre Municipal de Grenoble.

http://www.ring-theatre.net

Entrailles. (50)

Crash test de la compagnie La Carotte Studio des 3 Oranges Audincourt 21 janvier 2021

Trois actrices fort expérimentées dans le clown vont passer par une série de situations quotidiennes renvoyant à la mythologie.
Certains des spectateurs présents reconnaissent le mythe de Sisyphe, le Minotaure, le cyclope etc. D’autres ne captent pas, mais ce n’est pas grave. Les costumes sont efficaces. Il y a des accents beckettiens par moment, le trio fonctionne bien, on pense aussi aux pieds nickelés. C’est une phase de travail, certaines scènes seront raccourcies.
Une grosse bouée, des objets épars jonchent le sol. Le metteur en scène Camille Perrin que l’on a vu en répétition intervient régulièrement pour remettre les choses en place avec précision.
Le spectacle est en bonne voie.

La Carotte se définit comme un théâtre de territoire et oeuvre en Franche Comté. La compagnie a vingt ans.

avec Cécile Druet, Daphné Amouroux, Caroline Guidou. Mise en scène Camille Perrin

lacarotte.org

JOHNNY UN POEME (49) Compagnie Gérard Gérard crash test d’Alexandre Moisescot Studio des 3 Oranges Audincourt jeudi 11 janvier 2021

Un spectacle créé et interprété par Chloé Desfachelle, Alexandre Moisescot et Arnaud Mignon
Avec le regard bienveillant de Carmela Acuyo, Anne-Eve Seignalet et Philippe Freslon

Compagnies Gérard Gérard et Rhapsodies nomades

Alexandre Moisescot interprète avec une certaine maestria le rôle de Johnny Halliday auprès de Chloe Desfachelle qui est prostrée sur le sol et se relève. « Les dieux avaient condamné Sisyphe, il faut l’imaginer heureux ! ». C’est une cannibalisation du personnage de Johnny,né Jean-Philippe Smet, mort en 2017. « Mes frères mes soeurs prions. Johnny a donné son corps pour nous sauver, pauvres brebis égarées. Je vous rappelle que vous pouvez soutenir notre mouvement en achetant des mugs et des chaussettes. »(…)
“Les vivants ferment les yeux des morts, les morts ouvrent ceux des vivants” nous dit Tchekhov. Et pour déterrer un mort pareil, il faut bien une grande pelleteuse, jaune comme un gilet, pour nous faire valser, rocker et twist again.
Pour des millions de Français, Johnny a été « BIEN PLUS QU’UN CHANTEUR : un héros, un modèle, un père, un humoriste, un philosophe, un gladiateur, une agence de voyage, un concepteur de vêtements, un opticien, une idole, un beauf, un grand-père, un sex-symbol, un produit de supermarché, un ovni, un acteur de cinéma, un Diable, un Dieu…
Ce n’est pas simple de faire théâtre avec un type qui commençait ses spectacles en descendant en rappel depuis un hélico. Nous nous sommes alors donné un principe simple, clair et sincère : faire un spectacle sur Johnny …QUI PLAIRAIT A JOHNNY ! ».
Pour cette sortie de résidence, la compagnie Gérard Gérard n’a pu se procurer de pelleteuse. On jette par terre des boîtes de bière vides. Alexandre qui interprète la star avec un certain brio, rappelle que son père l’avait emmené au stade de France le 5 septembre 1998, il avait 13 ans. Déguisés en cochon et en singe, ils déchirent les journaux avec les critiques. On entend une ode à Marguerite Duras. « On va vous présenter notre dramaturgie qui raconte le suicide de Johnny. Johnny, est ce que tu nous entends ? ».
23 scènes et on attend la suite avec impatience.
La première aura lieu le 14 mai au festival d’Olt dans les Cévennes.

http://www.ciegerardgerard.fr

SOIF (48)

compagnie Oxyput, Studio des 3 Oranges Audincourt 8 janvier 2021

C’est un crash test d’une compagnie qui a entrepris un travail pour rôder un spectacle, après deux semaines de travail dans la Meuse. La musique et les costumes des trois danseuses sont encore en recherche, mais depuis le 15 avril les images se sont fixées. Les trois danseuses jouent avec des dizaines de bouteilles en plastique, elles font des cercles les disposent aux quatre coins. « Bienvenue sur les couloirs de la faim ! ». Une grande énergie est déployée dans la mise en scène de cette lecture. Elles se roulent par terre, ramassent les bouteilles,les jettent, dansent en rythme.Une actrice dirige les deux autres à la voix, elles se roulent sur le sol. Le spectacle doit durer 45 minutes. Beaucoup d’énergie, de fantaisie, d’imagination, et puis ça ne roule pas dans le vide, car l’eau oui l’eau est un des futurs problèmes majeurs de l’humanité.

http://www.oxyput.com

INCANDESCENCES (47)

INCANDESCENCES face à leur destin, épisode 3 Madani compagnie Théâtre 71 de Malakoff 4 décembre 2020

C’est le dernier chapitre d’une trilogie interprétée par des jeunes non professionnels, nés de parents ayant vécu l’exil, résidant dans des quartiers populaires. Une centaine de filles et de garçons âgés de 20 à 30 ans ont accepté de rencontrer Ahmed Madani et de lui ouvrir leurs coeurs. Ils évoquent des récits trop longtemps passés sous silence, leurs premiers émois d’amour. Ce collectage toujours en cours a été établi après de longues discussions individuelles, des ateliers de chant, de danse et une direction d’acteurs. « Nous sommes tous des « Ready made » humains, tous des oeuvres d’art en puissance. Au théâtre, il faut juste faire un pas pour passer de l’autre côté du miroir (…) car en cet endroit chacun verra que dans leurs veines ne coule pas un sang impur, mais le sang de la jeunesse, celui de la vie et de l’avenir. » déclare Ahmed Madani.
Après une dizaine de stages auditions pour rencontrer une centaine de jeunes issus des quartiers populaires pour collecter la matière vive de la création, et un dernier stage final de deux semaines à la MC 93 de Bobigny, Ahmed Madani établit la distribution définitive, et signe des contrat à durée déterminée. Les comédiens seront ensuite rémunérés au cachet. 12 théâtres se sont impliqués dans l’organisation en banlieue parisienne, une trentaine d’autres ont déjà signé leurs contrats.
Quelques phrases saisies au vol : « Moi, je suis un bébé accident »… »Moi c’est Jean, je n’ai pas des souvenirs que mon père m’ait dit :Je t’aime ».
Six personnages présentent leur descendance « Notre tradition c’est de transmettre l’amour de nos ancêtres, les histoires d’amour finissent mal en général ! »
Ahmed Madani a déjà réalisé une quarantaine de spectacles, fondés sur la matière humaine et l’écriture. Ses pièces sont éditées chez Actes Sud Papiers et à l’Ecole des loisirs. Il a dirigé le Centre Dramatique de l’océan Indien.

Sexe amour et cornichons. Cie Azimut. crash test. 20/11/20 (46) 3 oranges Audincourt

C’est une répétition d’un spectacle qui doit se jouer dans les CDI de collèges ou de lycées près de Lunéville en Lorraine.

C’est un exposé sur l’éducation sexuelle que deux élèves de première vont faire pour les plus jeunes.

Nadège et Anaïs qui ont bien la trentaine vont incarner de jeunes élèves.
Elles le font avec une certaine habileté, on y croit, pauses et langages de jeunes.

Et là, elle vont se mettre à jongler avec tout ce qui est tabou quand on est adolescent, les règles, la puberté, et surtout le consentement qui est symbolisé travers une petite saynète théâtrale habilement baptisée les cookies.

« Est ce que ça te dirait de manger avec moi ? J’aimerais bien parler de la taille de la bite » dit Anaïs en se maquillant. « Est-ce que tu te masturbes ? » lui demande sa mère. « .
Le viol : lié hauteur de la jupe. La cause d’un viol, c’est toujours un violeur. La sexualité idéale, ça n’existe pas ! » . On décrit l’acte, « tu imagines comme on peut parler de plaisir à la place de l’orgasme.
ça dure 50 mn, c’est rythmé rapide bien joué.
A la fin ça discute , la fin n’est pas bien trouvée dit Hervée de lafond qui ajoute : mais ce que vous faites est important.
C’est un théâtre utile très utile qui parle de problèmes que l’on n’ose pas bien aborder.
Mystère : comment va réagir l’Education Nationale ?

avec Nadège Helluin, AnaÏs Faucher, mise en scène =Mickaël Monnin

ELEVAGE : LES ANIMAUX DE LA COMPAGNIE (45) Scènes de rue à Mulhouse 18 octobre

ELEVAGE Les Animaux de la Compagnie Scènes de rue à Mulhouse 18 octobre

Déjà vu en crash test voilà quelques mois, ce spectacle aborde l’effondrement du monde familial des paysans. Un loup, un renard et un cerf, masques impressionnants d’habiles musiciens, rythment le spectacle. Le cerf danse au son du violon : « Cela fait longtemps qu’on ne les pas vus, ils sont partis ! Pour une chose, ou une autre, il faut des bras. » Il y a de la farine sur la table, le cerf, le renard et le sanglier jouent de la musique. Une fille pétrit la farine : « La ferme a brûlé et nous avons tous décidé de leur venir en aide ! On a raison de penser ce qu’on pense.».
Sur l’année dernière pas moins de 600 suicides dans le monde paysan…Un concert termine la représentation
Cet effondrement tragique est célébré avec une belle virtuosité par des musiciens masqués et d’habiles comédiens. Un spectacle impressionnant à ne pas manquer s’il croise votre chemin.