D’UN RETOURNEMENT L’AUTRE, Plateau 31 de Gentilly, 4 avril

 

De Frédéric Lordon, mise en scène de Luc Clémentin, compagie Ultima Chamada

Frédéric Lordon, directeur de recherches au CNRS, membre des Économistes Atterrés, étudie depuis plusieurs années les logiques funestes du capitalisme actionnarial, des marchés financiers et de leurs crises. On peut régulièrement apprécier sa lucidité sur cette crise financière qui nous broie, dans ses articles publiés dans le Monde Diplomatique. C’est une plume brillante qui a publié cette pièce spirituelle en alexandrins dont la lecture nous avait transportés. Luc Clémentin avait découvert la finesse de ses analyses des subprimes en l’écoutant sur France Inter dans Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet.

Dix économistes en culottes courtes sont debout, très graves, derrière leurs pupitres. Ils s’interrogent sur les marchés financiers en pleine déroute :
« Vos actes sont parlants, surtout leur hiérarchie
qui disent quel est l’orde où les gens sont servis
D’abord les créanciers, le peuple s’il en reste
Voilà en résumé la trahison funeste »(…)
Ma banque, ma vie, mon oeuvre, la race des seigneurs
Est notre appartenance, la banque va sombrer (…)
Le crédit c’est nous, nous sommes intouchables ! »
Heureusement, l’État est là, idée géniale, Sarkozy aussi sur son petit pliant, flanqué de sa Carla qui lui sussure à l’oreille des chanson réconfortantes. L’État rachète tous les crédits pourris qui devaient mettre en faillite ces banquiers véreux. Le gouverneur de la Banque de France, coiffé d’une perruque, une bougie à la main réconforte les banquiers coiffés d’un chapeau, qui chantent en italien et acclament le Président. Sarkozy prononce ses discours, Hollande n’est pas en reste : « C’est la régulation qui conduit au marasme, prends l’oseille et tire toi ! ». On entend régulièrement les annonces du métro « Des pickpockets sont susceptibles d’agir dans la station ». Sarkozy incarné par Loïc Risser est plus vrai que nature quand il se déplace à croupetons, avec ses tics et ses discours trompeurs. Luc Clémentin le metteur en scène joue Frédéric Lordon, témoin lucide. On entend même le discours de Hollande à Sarcelles : » cet adversaire, c’est le monde de la finance ! ». On rit beaucoup, mais au lendemain de cette déroute électorale de la gauche, ce spectacle salutaire est terrifiant.

D’un retournement l’autre créé à la Maison des Métallos en mars avril 2012 et a été présenté à Confluences, au Monfort Théâtre, au Théâtre de l’Aquarium, en Tunisie et au Kremlin Bicêtre entre autres. Ne le ratez pas si le spectacle passait près de chez vous.

ultima_chamada@yahoo.fr

 

 

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